Le temple de Nantes Gigant

Le grand temple de Nantes, rue de Gigant (1855-1943)

En 1855, le pasteur Benjamin Vaurigaud inaugurait le temple neuf de Nantes, un des plus beaux de France, et un des plus grands. La construction avait coûté 120.000 francs-or. L’État avait donné 63.000 F. (la France est alors en régime concordataire), la municipalité 30.000, les paroissiens 24.000, et la vente de l’ancien édifice avait rapporté 14.823 F. Le projet datait de 1851, le terrain avait été acheté place de Gigant l’année suivante, et la construction avait pris deux années. Avec ses deux tours, la façade avait une allure de cathédrale protestante qui fermait tout un angle de la place.

Le temple, place de Gigant, quelques mois avant sa destruction

La grande salle était de forme hexagonale, selon une tradition qui remontait au XVIIe siècle. La chaire et le buffet d’orgue étaient impressionnants.

Le  temple de la rue de Gigant accueillit un certain  nombre d’événements, comme le synode national des Églises réformées évangéliques, en juin 1922. Deux postes pastoraux étaient attachés à la paroisse, et les pasteurs Vaurigaud, Sohier, Roufineau, Dartigue-Peyron, Dieny, Cremer, Berton, De Saint-Etienne, Privat, se sont succédés dans sa chaire.

En une soirée, le 27 septembre 1943, tout ne fut plus que ruines. Depuis plusieurs jours, les bombardements alliés frappaient l’agglomération industrielle nantaise. Plusieurs protestants furent tués en ces circonstances, à commencer par M. Burgelin, vice-président du conseil presbytéral.

La grande chaire début 1943. Au pupitre, le pasteur André Privat

Le buffet d’orgue

Les années suivantes, les Réformés nantais ont célébré leur culte dans les locaux de la maison de retraite protestante (Asile Thomas Dobrée), en attendant l’achèvement d’un temple neuf, à une autre adresse, 15 bis, Rue Edouard Normand.

En 1943, le pasteur suisse André Privat, qui était affecté à la Mission Populaire de Chantenay, avait assuré l’intérim qui précédant l’arrivée du nouveau pasteur Pierre Blanvalet. Séparé par la guerre de ses parents à Genève, il avait pris alors nombre de photos de Nantes à leur intention. Son épouse jouait encore sur l’orgue du temple, une heure avant sa destruction.

Septembre 1943 : une façade détruite

Le clavier de l’orgue et Mme Blanche Privat.

Ces clichés, et en particulier ceux du temple, avant et après sa destruction, sont reproduits dans un des tomes de ses mémoires, Cités mortes, Dieu vivant,  publiées en 1990 à Genève.

Le pasteur Privat et son épouse furent rapatriés en Suisse en 1944.

Septembre 1943 : une tour

Septembre 1943 : l’emplacement de la chaire

Il exerça ensuite son ministère en région parisienne, à la Fraternité d’Arcueil, puis à Genève et en Afrique.

Jean-Yves Carluer

 

 

 

 

Septembre 1943 : l’intérieur du temple

 

Septembre 1943 : les claviers.

4 réponses à Le temple de Nantes Gigant

  1. Loiret dit :

    Merci beaucoup pour ces documents sur le temple de Nantes et son histoire, il est malheureusement beaucoup moins beau aujourd’hui….
    Merci pour votre travail.

  2. Yann dit :

    Content de voir enfin des photos de l’intérieur de ce beau temple protestant.
    Avez-vous d’autres photos ou avez-vous le livre du pasteur Privat, Cités mortes, Dieu vivant. Si oui, peut on le consulter ?
    Yann

    • Jean-Yves Carluer dit :

      Je possède un exemplaire de l’ouvrage du pasteur Privat, aujourd’hui décédé, qu’il m’avait expédié. Il a été édité en 1990. J’espère pouvoir un jour réaliser un site où je numériserai un certain nombre d’ouvrages comme le sien. Mais il me faudra, dans son cas (péremption des droits d’auteur de 70 ans après décès en Suisse !), obtenir l’autorisation de la famille. Me pense pouvoir reprendre l’écriture de mon blog et publier d’autres courts extraits et d’autres photos bientôt…
      Amicalement,
      Jean-Yves Carluer

  3. Wolfram Steuernagel dit :

    Bonjour,

    merci d’abord pour votre travail de préservation et communication d’histoire.
    Juste une remarque : je suis assez certain que la dernière photo ne montre pas les claviers d’orgue, mais une partie des sommiers qui distribuent le vent aux tuyaux.

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