John Jenkins 1

1 – L’appel pour la Bretagne

      Le pasteur John Jenkins (1807-1872) est un acteur fondamental de la renaissance du protestantisme breton au XIXe siècle. Premier missionnaire gallois dans la province, il se montra tour à tour linguiste, pédagogue, évangéliste et pasteur. Avec son collègue James Williams qui le rejoindra quelques années plus tard, il est le père d’une forme très originale de protestantisme en langue celtique.

John Jenkins Morlaix

Le pasteur John Jenkins. C’est une des plus anciennes photographies du missionnaire gallois

     John Jenkins était issu d’une lignée de pasteurs et lettrés gallois. Il naît le 2 décembre 1807 à Cwmcrawnon, Llangynndir, dans le comté de Glamorgan. Nous ne savons pas grand-chose de sa formation, sinon qu’il collabora très tôt à l’entreprise familiale d’édition de son père à Hengoed (Glamorganshire), qu’il avait suivi un cursus théologique et avait des compétences dans l’enseignement scolaire. Jeune homme, il s’est passionné par le récit dans la presse galloise du développement des projets de traduction de la Bible en breton. Il se sent prêt à s’engager personnellement. Au même moment, les Églises baptistes galloises, conscientes des limites et des difficultés rencontrées par la traduction du Nouveau Testament de Le Gonidec, envisagent progressivement l’envoi d’un missionnaire de ce côté de la Manche. Une rencontre pastorale du comté de Mynwy en formule au début 1834 la demande qui est relayée par le journal Greal Y Bedyddwyr. John Jenkins, qui n’a pas encore été consacré au ministère, fait alors savoir qu’il est candidat.

     Il vient de se marier le 28 février 1833 avec Elisabeth Hook, née à Bath le 25 janvier 1809. Un premier fils leur est né à Cardiff le 31 décembre 1833. C’est le soutien de toute une famille qu’il faut financer et l’entreprise est complexe. Les baptistes gallois n’ont pas de société missionnaire qui leur soit propre. Il faut donc convaincre la Baptist Continental Society, de Londres, de prendre en charge ce nouveau champ de travail en langue galloise. Cette société a toutefois des moyens limités. Mais, au mois d’août, le révérend T. Boyce, membre de son comité, promet à titre personnel la somme de 50 livres pour initier le projet. Les Gallois fondent un comité auxiliaire en septembre à Cardiff qui accepte la candidature de John Jenkins.

     La mission baptiste bretonne est née, mais elle est marquée par une certaine vulnérabilité financière, dépendant d’une cascade de deux organismes, l’un gallois, l’autre anglais, ce dernier ne s’étant d’ailleurs engagé qu’à titre provisoire.

     John Jenkins s’embarque immédiatement pour un voyage exploratoire qui lui fait rencontrer à Jersey le Révérend Perrot et à Brest Achille Le Fourdrey. Ce dernier, pasteur réformé officiel, lui propose de prendre en charge la petite communauté protestante isolée qui réside à Morlaix. Sur le conseil du libraire Lédan, John Jenkins réside quelque temps dans la région de Plougasnou où il se mêle à la population, écoute les homélies à la messe paroissiale et évalue le travail linguistique qui lui sera nécessaire.

     De retour au Pays-de-Galles, John Jenkins est consacré au ministère le 14 janvier 1835 à Hengoed par un collège de pasteurs baptistes. Il assiste ensuite à Londres à une réunion de la Baptist Continental Society. Le 15 février 1835, il arrive à Morlaix avec sa famille.

(A suivre avec l’article : John Jenkins, traducteur de la Bible)

Jean-Yves Carluer