Isaac et Guillaume Le Maistre de la Garelaye

     Les Le Maistre de la Garelaye étaient une famille noble de Derval qui passa au protestantisme et se rattacha selon les époques aux Églises de Sion ou de Blain. Jacques Le Maistre, cousin de François de La Noue, fut l’un des conseillers au Parlement de Bretagne qui durent se démettre de leur charge en 1570 pour cause de religion quand cette assemblée décida de chasser les Huguenots de son sein. Il retourna alors sur ses terres, il acheta le manoir de Cherhal au Grand Fougeray, et mourut à une date indéterminée.

     Son fils Guillaume est plus connu, car il servit comme capitaine dans les rangs protestants et royaux à l’époque des Guerres de la Ligue. On le voit défendre la ville de Vitré ou le château de Blain contre les troupes du duc de Mercoeur. S’il survécut au conflit, cet engagement lui coûta cher. Fait prisonnier à Blain, il dut vendre une de ses terres, le domaine du Douet-Garnier, près de Nantes, pour payer sa rançon. Mercoeur, qui contrôlait toute la région de la Moyenne Vilaine, s’empara de son château de Derval et entrepris de le démolir. Il faut croire que le roi Henri IV fut sensible à ses malheurs, car il lui alloua le 1er octobre 1594 la somme de 3000 livres pour remettre la place en état.

 

La Garelaye Derval

Le château de La Garelaye, reconstruit au XVIIIe siècle, en Derval, aujourd’hui (photo Levilain).

    Le souverain sut apprécier cet homme de culture, à la fois officier et juriste. Il l’employa à diverses négociations, en particulier celles qui se déroulèrent à Fougeray avec le même Mercoeur et qui préparèrent l’Édit de Nantes. Il semble bien que le roi Henri IV apprécia les compétences de Guillaume Le Maistre de La Garelaye, car il le gratifia une nouvelle fois de 3000 livres « pour ses bons et importants services » le 3 janvier 1596. Notre Breton était fait officiellement l’année suivante capitaine de 50 hommes d’armes. Enfin, dernier privilège qui n’était pas anodin et témoigne de la confiance que lui portait le souverain, Guillaume Le Maistre reçut permission d’assembler en armes ses vassaux et ceux de ses voisins pour faire des battues au gros gibier dans les forêts de la région. On était le 10 janvier 1600 et les fracas de la guerre venaient tout juste de s’éteindre.

     Guillaume Le Maistre maria ses enfants au sein des meilleures familles protestantes de Bretagne. Louise épousa Gabriel de Goulaine et sa sœur Jeanne Henri de Vay, seigneur de La Fleuriais. Les Le Maistre de La Garelaye figurent au premier rang des huguenots de l’Église de Sion et y étaient parfois anciens. Lors de la Révocation, certains de leurs descendants réussirent à passer dans le Refuge et l’un d’entre eux alla même jusqu’en Amérique.

     Tous mes remerciements à Frédéric Levilain pour ses informations ainsi que pour l’illustration.

 Jean-Yves Carluer