Temple Saint-Nazaire

Le premier temple de Saint-Nazaire

     Le pasteur Hippolyte Jospin présentait en 1922 aux lecteurs de la revue L’action Missionnaire un bref historique de sa paroisse de Saint-Nazaire. Nous livrons aux lecteurs de ce site la première page de ce texte, qui concerne la mise en place progressive d’un culte puis d’un temple dans le port de l’embouchure de la Loire, véritable ville champignon à cette époque.

L'ancien temple de Saint-Nazaire (44)

Le temple réformé de Saint-Nazaire (44) 1888-1944.

     L’étude très sérieuse du pasteur s’appuie sur les témoignages oraux de ses paroissiens ou de ses collègues, mais aussi sur les archives du consistoire de Nantes, encore consultables aujourd’hui aux Archives départementales. Elle apporte d’utiles précisions sur le passé un peu complexe de la communauté de Saint-Nazaire, prise en charge selon les périodes par le consistoire réformé de Loire-inférieure, la Société Centrale protestante d’Évangélisation (en deux occasions) et la Mission Populaire Évangélique. Nous signalons, à ce propos, l’ouvrage très intéressant de Charles Nicol sur le protestantisme dans cette région[1].

Jean-Yves Carluer

« Notice sur l’œuvre de Saint-Nazaire

     Jusqu’en l’année 1888, les protestants de Saint-Nazaire n’ont pas de vie religieuse commune, sauf à l’occasion des services funèbres pour lesquels ils font appel aux pasteurs de Nantes. Depuis deux ou trois ans, ils ont un cimetière spécial, dit cimetière protestant. Dans sa séance du 19 décembre 1862, le Consistoire de Nantes, vu le développement de la ville et l’augmentation du nombre des protestants (on en connaît un peu plus de 30 et on a des raisons de penser qu’ils peuvent être une centaine) décide de louer une chambre où le culte serait célébré une fois par semaine. C’est deux chambres qu’on loua, en mars 1863, pour un prix de location annuel de 236 francs. Cette somme devait être fournie en partie par les souscriptions des fidèles et complétée par la Société Centrale. De sorte qu’à 50 ans d’intervalle notre Société a adopté une Église qu’elle avait contribué à créer et à faire vivre.

     En 1877, à la suite d’un incident pénible : l’organisation de la salle de culte en salle de bal pour la mi-carême par le propriétaire, projet qui faillit réussir faute de représentants autorisés de la communauté protestante à Saint-Nazaire, un comité de trois membres fut nommé pour servir de lien entre les fidèles et les pasteurs de Nantes[2]. Ce comité fut augmenté de deux membres en 1880. Le culte était alors bimensuel. Les fidèles émettent le vœu que deux fois par mois un service soit présidé par un laïque, et que une fois par mois il y ait un service en langue anglaise pour les marins et résidents anglais.

     On pensait alors à la construction d’une chapelle, pour remplacer les salles successivement louées en divers endroits dans des maisons particulières et dont chacune avait des inconvénients. Des troncs furent placés dans les divers consulats étrangers qui avaient recourt au ministère des pasteurs pour leurs nationaux. Une somme de 10.000 francs fut réunie (dons divers : 6.000 ; collectes : 3.000 ; du gouvernement : 1.000). Le temple actuel fut construit dans la rue de Cran, à proximité de la gare, et inauguré le 1er novembre 1888 sous la présidence du pasteur Dupin de Saint-André, de Tours. Le culte continua à y être célébré périodiquement par les pasteurs de Nantes, MM. Fargues, Sohier, Roufineau, Dartigue, et parfois par des laïques dévoués comme le vénéré M. H[ippolyte] Durand-Gasselin père[3]. De 1858 à 1904, il y eut à Saint-Nazaire, parmi les protestants, 88 baptêmes, 21 mariages, 57 décès ».

Héliodore Jospin dans L’Action Missionnaire, 1922, p. 656.

[1] Charles Nicol, Enfants de Luther et de Calvin. De l’Édit de Nantes à nos jours, l’histoire méconnue des protestants à Saint-Nazaire et dans sa région, Éditions de Matignon, 1997.

[2] Le pasteur Fargues, de Nantes, avait déposé plainte le 9 mars 1877 pour « violation » du lieu de culte, rue du Prieuré, qui avait été loué par le propriétaire à des fêtards à l’occasion d’un bal masqué. Les meubles et les objets liturgiques, dont la robe pastorale, avaient été retrouvés pêle-mêle dans un coin de la pièce.

[3] Il faut signaler l’implication constante d’Hippolyte Durand-Gasselin à Saint-Nazaire. Industriel et président du Conseil presbytéral de Nantes, il dispose d’une résidence secondaire non loin de là. C’est lui qui finance en partie et entreprend les démarches nécessaires à la construction du temple, réalisé sur les plans de son frère Georges. Le temple de la rue de Cran a été détruit par les bombardements alliés pendant la dernière guerre.

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