Le plus ancien temple breton : la chapelle Notre-Dame à La Roche-Bernard
C’est le lieu de culte protestant le plus ancien et le plus connu en Bretagne. Cette très modeste chapelle, d’époque romane, est citée dans le Cartulaire de Redon dès 1063. Elle servit de centre paroissial à la petite cité de La Roche-Bernard, chef-lieu de la baronnie du même nom. L’édifice lui-même a été maintes fois remanié. Mais la diversité même des affectations de la chapelle l’a, en quelque sorte, protégée, puisqu’elle a traversé les siècles jusqu’à nos jours.
Lorsque François d’Andelot introduisit en 1558 le calvinisme dans sa baronnie de La Roche-Bernard, il décida que sa chapelle seigneuriale serait affectée au culte protestant.
C’est là que le pasteur Jean Louveau, arrivé le mois précédent, est installé le 10 juillet 1561.
Pourtant, lorsque Claude de Rieux, l’épouse de François Dandelot, meurt le 5 août suivant, son mari choisit de l’inhumer dans une autre chapelle, celle d’une ancienne léproserie, consacrée à Saint-Michel, sous un superbe mausolée. Une fois ce dernier lieu de culte agrandi, ce qui s’appelle désormais le Dôme de l’hôpital peut devenir le nouveau temple réformé de La Roche-Bernard. La chapelle Notre-Dame est rétrocédée au culte catholique selon les termes de l’Édit de paix de Saint-Germain en 1570.
La chapelle Notre-Dame a donc été utilisée comme temple pendant une période assez limitée : au plus une dizaine d’années et peut-être moins encore si le culte réformé s’était déplacé au temple du dôme auparavant. Mais c’est suffisant pour alimenter divers récits. Le plus connu est celui des deux portes de l’édifice. Les protestants auraient percé une nouvelle entrée qui a été murée ensuite lorsque l’édifice est revenu au culte catholique. La chapelle est vendue sous la Révolution comme bien national. Elle sert d’entrepôt ensuite.
De 1874 à 1984, L‘Association pour la sauvegarde du Patrimoine Historique et Architectural de La Roche-Bernard (ASPHA), qui publie le journal Le Ruicard, entreprend la restauration de la chapelle Notre-Dame. Elle est désormais mise à la disposition des deux cultes réformé et catholique.
Le 24 juin 1984, des protestants venus de différentes communautés de Bretagne assistent à la nouvelle consécration de la chapelle Notre-Dame, premier temple de La Roche-Bernard, par le président de l’Église réformée de France.
On me permettra d’évoquer ici deux souvenirs de cette journée délibérément placée sous le signe de l’œcuménisme. Le premier est l’image de pasteurs, en robe noire à rabat, distribuant la cène devant le grand retable de style baroque qui orne le fond de la chapelle. Le deuxième est le tintement de la cloche de la chapelle que faisait sonner à intervalles plus ou moins réguliers un bénévole de l’ASPHA. Ce dernier, bon catholique et ravi de la renaissance d’un temple auquel il avait consacré beaucoup d’efforts, s’efforçait d’improviser les sonneries de l’offertoire et de l’élévation pendant la Cène…