Benjamin Vaurigaud (1818-1883)
L’impact du pasteur Vaurigaud a été doublement important pour le protestantisme en Bretagne : c’est à la fois un acteur majeur de son expansion, à la tête de la plus importante communauté réformée, celle de Nantes, pendant 32 ans. C’est aussi le premier historien contemporain de la Réforme dans la province.
Biographie
Benjamin Vaurigaud est né le 29 septembre 1818, à Pons, en Charente-Maritime. Il poursuit ses études de théologie à la faculté de Montauban où il soutient une thèse sur l’accord de confession de foi des Églises. On l’y voit très attaché à une affirmation explicite des points de doctrine essentiels du protestantisme, ce qui restera son engagement tout au long de sa vie. Il est successivement pasteur-suffragant à Bordeaux (1841), agent de la Société chrétienne protestante de France (première forme de la Société Centrale protestante d’Évangélisation) dans cette ville, puis pasteur-suffragant à Orthez (1843). Il est pasteur-suffragant à Nantes en 1844, et y accède au poste de pasteur en titre en 1846, après la démission pour raisons de santé de son prédécesseur Louis-César Rosselet (1806-1875). Ce dernier avait été un membre résolu du camp « évangélique » (ou « orthodoxe », selon la terminologie d’André Ancrevé), secrétaire de la Société Centrale Évangélique, et un appui utile aux missionnaires gallois et aux évangélistes qui créaient alors des œuvres en Bretagne.
Benjamin Vaurigaud poursuit l’engagement de Louis Rosselet. Il est président du consistoire de Nantes (le seul qui existe alors en Bretagne jusqu’à la création de celui de Brest en 1854). Dès son arrivée en Basse-Loire, Benjamin Vaurigaud frappe les esprits par son dynamisme et son zèle. Il entend défendre et répandre la foi protestante, même s’il lui faut affronter directement le catholicisme local. Cela va jusqu’à inquiéter le préfet qui, dans un rapport au ministre note : « j’ai eu à regretter quelquefois les tendances méthodistes [du pasteur]… qui peuvent être de nature à provoquer des conflits avec l’autorité diocésaine » (Archives départementales de L.A., 84V1, lettre du 30 mai 1857). Le pasteur se dépense sans compter, fondant écoles, hospice, associations de bienfaisance… Une des réussites de Benjamin Vaurigaud est la construction du grand temple de la rue de Gigant, inauguré en 1855. Il avait fallu rassembler plus de 130.000 francs-or, sur lesquels, il est vrai, le gouvernement avait donné 63.000 francs et la municipalité 24.000 (Nous sommes à l’époque du régime concordataire).
Benjamin Vaurigaud était connu sur le plan national comme un des principaux leaders de la tendance évangélique de l’Église réformée. Il est le principal animateur de la Correspondance fraternelle privée qui unit les pasteurs de ce courant. Il est désigné comme membre de la commission permanente nommée par le synode national de 1872. Calviniste strict, il appuie les autres confessions évangéliques, mais… hors de son consistoire ! Car il s’oppose aux tentatives d’implantation darbystes à Nantes et baptistes à Angers.
Tous ces engagements n’empêchent pas le pasteur de se montrer un grand historien. Il consacre une grande part de son temps à rechercher les documents anciens et à les analyser. Il édite l’histoire ecclésiastique du pasteur Lenoir, sieur de Crevain, et rédige plusieurs ouvrages sur l’histoire du protestantisme en Bretagne, qui restent très utiles.
Benjamin Vaurigaud meurt le 23 décembre 1883. Il était resté plus de 30 ans pasteur à Nantes et y a marqué durablement l’Église réformée. Son dernier message à son conseil presbytéral en 1880 rappelle « qu’il faudrait se trouver à même de répondre par la fermeté sur les questions qui viendraient à toucher la croyance et les articles de foi » (Archives départementales de L.A., 124 J 142, 3 novembre 1880).
Les ouvrages de Benjamin Vaurigaud :
– Sur l’accord des Confessions de foi des Églises réformées, Montauban, 1842.
– Rome et l’Évangile, ou réponse au Catholique breton, Paris, Grassard, 1852.
– Le baptisme à Angers, ou droit et devoir des consistoires, Nantes, Impr. A Guéraud, 1858.
– Sermon pour le 3ème anniversaire séculaire de la prédication de l’Évangile à Nantes, pour la réformation de l’Église, Nantes, 1858.
– Rapport présenté à la conférence pastorale nationale de Paris en mai 1867 sur la question des droits et des devoirs respectifs des pasteurs et des corps ecclésiastiques, dans les circonstances actuelles, Paris, C. Maréchal, 1867.
– Essai sur l’histoire des églises réformées de Bretagne, 1535-1808, Paris, Joël Cherbuliez , 1870, 3 tomes.
– Histoire de l’Église réformée de Nantes depuis l’origine jusqu’au temps présent, Paris, G. Fischbacher, 1880.
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