Le synode provincial de Ploërmel (février 1565)
Nous débutons ici la publication des actes d’un deuxième synode provincial réformé breton du XVIe siècle. C’est le seul dont le compte rendu intégral soit parvenu jusqu’à nous après celui de La Roche-Bernard de 1564, déjà en ligne sur ce site.
Leurs manuscrits, qui sont en fait des copies de copies, sont conservés dans le fonds Bourde de la Rogerie aux Archives départementales d’Ille-et-Vilaine. Ils ont été publiés par mes soins, il y a plus de 20 ans de cela, dans le Bulletin de la Société de l’Histoire du Protestantisme Français.
Les dates exactes du synode de Ploërmel n’étaient pas connues jusqu’alors et son existence même semblait sujette à caution, puisque Crevain n’avait pas pu en consulter les actes. Il en parlait en une ligne seulement[1].
Et pourtant, ce rapport de synode provincial présente un réel intérêt historique. Il nous renseigne sur un calvinisme breton à son apogée : 23 communautés, y compris deux Églises dites « domestiques », car entièrement financées par les seigneurs du lieu, François d’Andelot et Charles du Quélennec (Pont-L’Abbé).
Nous avons voulu respecter au maximum le travail de transcription du grand archiviste qu’était Bourde de la Rogerie. Mais ce dernier dépendait lui-même de la lecture des textes originaux qui avait été opérée au XVIIe siècle par des notaires royaux, textes qui étaient sans doute difficiles à déchiffrer, ce qui explique plusieurs lacunes ainsi que de minimes erreurs.
Par rapport au synode de la Roche-Bernard réuni un an auparavant, deux Églises avaient disparu: Saint-Nazaire et Aigrefeuille. Il est vrai que ces communautés n’avaient jamais été importantes, et à l’exception d’Aigrefeuille, dépourvues de pasteur titulaire. A l’inverse, Muzillac, Combourg, Hennebont avaient été pourvues de ministres, et un nouveau prêche avait été établi au château de Pont-Labbé par Charles du Quélennec, baron du Pont. Le pasteur de sa maison s’appelait Claude Charretier (ou Chartier). Il est possible que d’autres Églises n’aient pas été représentées par des délégués à Ploërmel. Pour deux d’entre elles au moins le fait semble assuré : à Frossay-en-Retz le successeur de Charles Boulanger, Arthur de Cossé, était encore en fonction à la veille de la persécution de 1567. Crevain cite aussi une autre Église attestée par des actes de son pasteur dans les registres de Blain : Montigny, dont le ministre était Charles de la Pommerais. Mais peut-être s’agit-il d’une confusion avec Montilly-sur-Noireau, qui faisait partie des communautés du Bocage normand. Peut-être aussi faut-il identifier ce lieu à Martigné Ferchaud, à quelques lieues au nord de Châteaubriant : il y avait de grandes familles huguenotes dans la région: les Chamballan de Rougé, les Bonnier de la Chapelle, les Boispéan de Fercé… Le bilan numérique opéré en 1565 reste assez clair : le protestantisme breton était en stagnation, voire en reflux dans le comté de Nantes tandis que la marche en avant vers le nord de la province (Morlaix, La Moussaye, Quintin, Plouër..) ne s’était pas encore concrétisée par la création d’Églises, sinon à l’extrême-ouest. Notons aussi la présence de diacres délégués au synode, preuve que la structure-type des Églises réformées était désormais bien établie en beaucoup d’endroits.
Voici le début des actes :
« Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit,
Ce sont les articles, mémoires et faicts particuliers arrestés au Sinode de la province de Bretagne tenu à Ploermel les vingt, vingt et un, vingt deux, vingt et trois et vingt quatriesme jour de Febvrier mil cinq cents soixante et cinq où ont assisté les ministres des églises de Rennes, Vittré, Ploermel, la Roche Bernard, Sion, Nort, Guerande, Pihyriac, Croysic, Mesuillac, Pontivy, Combourg et Hennebond ayans chacun avec [eux] ung ou deux anciens ou diacres desdites églises, les ministres de Chateaubriand, Blain et Hersé sans diacre ny ancien, et des églises de Nantes un diacre, Vieillevigne diacre et ancien, Blain un ancien, Chateaugiron deux anciens, Vennes un diacre avecq un ancien – assitèrent avec les ministres des maisons de messeigneurs d’Andelot et du Pont, chacun avec un ou deux anciens.
Mathurin Thonneau [ ] ministre de l’église de Rennes, esté eslu pour présider audit sinode[2], et pour establir Noël Peruqet, ministre de l’église de Pihiriac[3], et Bertran de Chasteautro, sieur de Lescluse[4].
(A suivre…)
[1] Philippe Lenoir, sieur de Crevain, Histoire ecclésiastique de la province de Bretagne, p. 137.
[2] Il faut lire Mathurin Lhoumeau, appelé aussi Dugravier. Ce dernier était toujours en fonction dans la capitale bretonne.
[3] Comme assesseur ou secrétaire du synode.
[4] On connaît un Louis de Chateautro huguenot. Il était conseiller au Parlement et son office fut supprimé en 1570. Bertrand, qui représentait les anciens des églises au synode devait être de la même famille.
je recherche des renseignements sur le château de la Morinais, en Pleucadeuc, propriété à l’epoque de la famille de la Houssaye et dont l’histoire locale rapporte que la chapelle du chateau ancien était appelé la chapelle des huguenots