Issu d’une famille protestante de propriétaires du Bordelais, installée au XIXe siècle à Brest, Paul nait dans la cité du Ponant le 27 octobre 1866. Paul Bellamy passe en 1886 sa licence en droit et s’inscrit au barreau de Nantes. Son père, Louis-Edouard, y était devenu greffier en chef au tribunal civil en 1870. Par sa mère, Pauline Durand-Gasselin, Paul Bellamy est rattaché à la haute société protestante de Nantes : son grand-père Hyppolite-Louis Durand-Gasselin, architecte du passage Pommeraye, a été l’exécuteur testamentaire de Thomas Dobrée ; un de ses oncles est marié avec Sarah Vaurigaud ; un autre oncle, Hyppolyte, industriel, est président du consistoire. Paul Bellamy épouse à Nantes le 3 décembre 1887 Louise Bouscasse, née le 21 juin 1866 à Oyré (Vienne). Ils ont trois enfants.
Paul Bellamy succède à son père comme greffier en chef fin 1891. Il noue de précieuses amitiés dans le monde des avocats, et c’est l’un d’entre eux, Gabriel Guist’hau, qui lui ouvre les portes d’une carrière politique en lui offrant une place sur sa liste qui conquiert la mairie de Nantes en 1908. Il est successivement adjoint puis maire en 1910, quand son mentor rentre au gouvernement. Paul Bellamy est maire de Nantes et conseiller général de la Loire-inférieure de 1910 à 1928. Il est député en 1924 sur la liste du Cartel des Gauches, tout comme son ami nantais Aristide Briand, et s’inscrit au groupe républicain-socialiste.
Paul Bellamy est un protestant engagé : il est conseiller presbytéral de l’Église réformée et préside le comité local de la Mission Populaire Évangélique à Chantenay.
La vie publique de Paul Bellamy est marquée par l’engagement édilitaire : sa gestion de la ville de Nantes pendant la première guerre mondiale est exemplaire, et il devient en 1920 président de l’Association des maires de France. La municipalité d’Union Sacrée dirigée par le protestant Bellamy avait contribué à apaiser les conflits locaux, autorisant par exemple, dans la ville les processions du Saint-Sacrement qui avaient été longtemps interdites par des maires anticléricaux. Sous ses mandats sont engagés les travaux de comblement du bras de l’hôpital, sur la Loire, visant à assainir l’environnement urbain. Pendant son unique législature (1920-1924) au Palais Bourbon, Paul Bellamy s’intéresse à la gestion des collectivités locales, ainsi qu’à la famille, la natalité et les questions fiscales.
Le dernier mandat municipal de Paul Bellamy lui est pénible. Il n’a pas été réélu à la députation en 1924. De 1924 à 1928, alors qu’il est atteint de tuberculose, il est la cible d’une opposition conservatrice galvanisée contre le Cartel des Gauches. Les incidents se multiplient en 1927. Sévèrement battu aux législatives, fatigué et découragé, Paul Bellamy démissionne en 1928. Il lutte contre la maladie à la station thermale de Cambo-les-Bains où il décède le 29 mars 1930.
La principale artère de Nantes porte aujourd’hui son nom.
Jean-Yves Carluer