Louis Caradec (1802-1888)

Le peintre de l’identité bretonne était un prédicateur baptiste !

Yves François Louis Caradec est né à Brest le 10 thermidor an X, soit le 28 juillet 1802. Son père était agent comptable de la Marine. Il semble avoir reçu une solide éducation classique. Un des rares textes que nous ayons de lui, son testament spirituel, est de belle facture. Le jeune homme est attiré par les beaux arts et fréquente le milieu des professeurs de dessin de l’école navale. Il s’inscrit à l’académie brestoise de peinture fondée en 1822 par le peintre Charoux, conservateur du musée des beaux-arts de la ville, qui formera également l’artiste Jules Noël.

Louis Caradec (1802-1898) Autoportrait (vers 1845)

Louis Caradec (1802-1898) Autoportrait (vers 1845).

    Voici comment son ami, le pasteur Le Coat, relate sa conversion au protestantisme. « Il naquit de parents catholiques et fut élevé dans cette religion jusqu’à l’âge de 28 ans. A cette époque, il trouva la Bible à Paris, où il étudiait pour se perfectionner dans son art. Sa jeunesse avait été assez orageuse ; mais dès qu’il trouva la Parole de Dieu, il se mit à la méditer et à prier le Seigneur de lui changer le coeur[1]« .  Si l’on suit la chronologie de Guillaume Le Coat, la conversion de Louis Caradec daterait de 1830-1831. Il n’a pas pu se rattacher à une communauté baptiste parisienne à ce moment-là, car il n’en existait encore aucune dans la capitale. C’est très probablement le pasteur gallois de Morlaix, John Jenkins, qui rapprocha Louis Caradec de la confession baptiste[2]. Nous savons également que ce même John Jenkins baptisa par immersion Jules Caradec, gendre du pasteur Le Fourdrey de Brest, et cousin très proche de Louis, en 1850.

     Suivons encore la notice rédigée par Guillaume Le Coat : « Après sa conversion, il cessa de faire des tableaux pour les églises et appliqua son talent à peindre les costumes multicolores de ses compatriotes, des scènes de fêtes, de pardons, etc« . Louis Caradec acquiert assez vite une certaine célébrité, il est publié par Les galeries bretonnes, Le Finistère et les costumes bretons, ses lithographies illustrent l’édition de 1838 du Voyage dans le Finistère de Cambry et du Finistère en 1836 d’Emile Souvestre. C’est lui que la ville de Brest charge de présenter à Napoléon III un album de costumes régionaux bretons,  lors de la visite impériale de 1858.

     Denise Delouche, la spécialiste des peintres de Bretagne[3], note parmi les atouts de Louis Caradec « une qualité d’exécution qui tranche avec la fadeur courante de peintures similaires » et un sens de l’observation souvent emprunt d’humour. Après avoir été employé par la Société Académique de Brest, il devient professeur de dessin au lycée. L’oeuvre du peintre a fait l’objet d’une notice Wikipedia.

     Louis Caradec avait épousé Pauline Dutartre, mais ne semble pas avoir eu de postérité. Sur le plan ecclésial, il est membre du consistoire de Brest et collabore avec les pasteurs Le Fourdrey puis Chabal. Après 1871, il lui arrive de prêcher à Quimper, dont le jeune pasteur, Pierre Rouffet, vient d’épouser la fille de son cousin Jules Caradec. A la fin de sa vie, le peintre prend progressivement des distances avec la paroisse de Brest. G. Le Coat l’explique ainsi : « ne trouvant pas assez de vie religieuse dans l’Église réformée de Brest, il organisa des réunions de prières et d’édification chez lui, deux ou trois fois par semaine. Appelé par lui, en 1875, à prendre part à plusieurs de ces réunions, nous ne tardâmes point à voir son salon devenir trop petit pour contenir la foule qui s’y rendait. Nous louâmes une salle spéciale pour cela[4]« . Louis Caradec créa ainsi l’Église baptiste de Brest, qui accueillit un pasteur et disposa d’un temple, rue de Navarin, de 1889 à 1940.

     Louis Caradec décède le 29 avril 1888. C’est son ami Abel Chabal, urbaniste de Morgat et architecte du temple de Rennes, qui déclare le  décès. Le peintre avait légué à Guillaume Le Coat un certain nombre de tableaux sur des thèmes religieux protestants sur lesquels nous reviendrons. Ils sont connus sous forme de lithographies. Plusieurs des originaux sont en cours de restauration et nous espérons pouvoir les présenter sur ce site.

 Jean-Yves Carluer



[1] Le Trémélois, 25 janvier 1889, p. 2, « Notice sur M. louis Caradec ».

[2] Les Églises baptistes forment une branche des confessions évangéliques. Elles insistent sur le baptême par immersion des adultes, témoignage de la foi individuelle des croyants.

[3] D. Delouche, Peintres de la Bretagne, Publications de l’Université de haute Bretagne, Klincksieck, 1977, p. 318.

[4] Le Trémélois, 25 janvier 1889, p. 4.

Louis Caradec. Le pardon de Ploaré (Vers 1850. Musée départemental breton). Vue des hauteurs qui dominent Douarnenez, la procession. Au fond, la presqu'île de Crozon.

Louis Caradec. Le pardon de Ploaré (Vers 1850. Musée départemental breton).
Vue des hauteurs qui dominent Douarnenez, la procession. Au fond, la presqu’île de Crozon.

Pour une vue agrandie du tableau : http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/9e/Quimper_140_Louis_Caradec_Pardon_%C3%A0_Ploar%C3%A9_vers_1850_Mus%C3%A9e_d%C3%A9partemental_breton.JPG

Une réponse à Louis Caradec (1802-1888)

  1. Regine Samson dit :

    Je possède un vieux carnet de croquis de la Caradec…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *