Isabeau d’Albret, vicomtesse de Rohan

Isabeau d’Albret (ou de Navarre, 1513-1560)

 

    L’infante de Navarre, fille de Jean III et Catherine de Foix, (et donc grand-tante du futur Henri IV), épouse en 1534 à Fontainebleau René 1er de Rohan (1516-1552), prince de Léon, à l’initiative de sa belle-sœur, Marguerite de Navarre, elle-même sœur de François 1er.

    Le couple se partage entre la Cour et la Bretagne. En juillet 1551, elle reçoit Henri II à Blain, la forteresse que les Rohan ont hérité d’Olivier de Clisson dans le comté de Nantes.

    On ne sait quand Isabeau de Navarre embrassa la Réforme. Rien n’indique un choix réformé avant la mort de son mari devant Metz (1552).  Par contre, elle se trouvait en Béarn en 1557 quand sa nièce Jeanne d’Albret y introduisit le protestantisme. Cependant, aucun document n’indique qu’elle se soit convertie à ce moment-là. Le seul indice qui permettrait de le penser est qu’elle fit élever ses enfants dans ce petit royaume calviniste. Or, cette même année, un moine était venu prêcher pour Pâques à Blain où résidait Isabeau, ce qui semble signifier que la princesse n’a pas encore fait son choix. Ce n’est qu’à partir de 1558, à l’époque du voyage de d’Andelot, qu’elle fait progressivement profession de calvinisme. Le pasteur Lenoir, sieur de Crevain, suppose que d’Andelot passa par Blain lors de son fameux voyage en Bretagne, mais, là encore, rien ne permet de l’affirmer. Finalement, en 1560, tout est clair : la douairière de Rohan, à sa demande, obtient du roi Henri II une dispense d’assister à la messe, pour elle et les gens de sa maison. « Comme elle faisait inscrire tous ceux du pays qui étaient de la religion, le gouverneur parut surpris de leur nombre et ne put s’empêcher de lui témoigner son étonnement. Cette princesse, le regardant fièrement, lui répondit que ce n’était pas trop pour la fille d’un grand roi. Le gouverneur ne chicana pas et ferma les yeux » ( Dom Morice, Histoire de Bretagne, t. II, p. 278.)

    C’est ainsi que naquit l’Église réformée de Blain, à la suite d’un privilège royal qui ne fut accordé à cette époque qu’à Isabeau de Navarre et Renée de France.

    Cette même année 1560, Isabeau rendait son âme à Dieu, laissant des fils pour reprendre le flambeau. Sa conversion au protestantisme, décisive pour le Calvinisme en Bretagne, fut donc très tardive. C’est ce qui explique que le seul portrait (très peu connu) que l’on ait d’elle se trouve sur un fort beau vitrail, la verrière de la Passion, attribuée au flamand Jost de Nagher, dans l’Église paroissiale Saint-Salomon à La Martyre. Nous sommes là, près de Landerneau, en ce riche Pays de Léon dont les Rohan se revendiquaient princes. Étrange destin pour une princesse huguenote des Pyrénées que d’avoir sa seule image terrestre dans une chapelle catholique des montagnes d’Arrée ! Elle y est, depuis des siècles, figurée comme donatrice et adoratrice au pied de la Croix.

    La photographie de ce vitrail étant sous licence, je joins simplement, en attendant de prendre moi-même un cliché, la référence du site où elle est affichée. Il suffit de cliquer sur le lien suivant :  http://www.flickr.com/photos/16459025@N03/4439605904/

Jean-Yves Carluer

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